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Imaginer la violence

Chantier

Période d'activité: 
2010 - 2012
Chercheur responsable: 
Chercheur membre: 

Le point de départ de ce chantier se trouve dans les violences historiquement documentées qui s’inscrivent de manière structurante dans le quotidien des pratiques artistiques tout en motivant toutes sortes de mesures de sécurité pour la protection du sujet dans un contexte de peur globale. Ces violences relèvent donc a priori de ce que des chercheurs issus des sciences sociales comme Johan Galtung ont qualifié depuis des décennies de structurelles d’une part, et de directe de l’autre. Au fil des catastrophes : génocide au Rwanda, guerre civile en Sierra Leone, 11 septembre 2001 aux USA, attentats à Londres, à Mumbai etc. l’imaginaire de la violence a trouvé des variations et des modulations dont le spectre se déploie sur l’axe complexe des identifications multiples, contradictoires et souvent polémiques que les sujets entreprennent à leur égard. Ces sujets, collectifs et singuliers dans leurs positionnements, affichent dans des croisements à élucider, des représentations des violences en question, produisent des métadiscours qui, dans plusieurs cas, constituent des grilles de lecture et d’interprétation de celles-ci. Dans un contexte de mondialisation, il est quasiment impossible de penser notre être au monde sans penser la manière dont la violence se présente d’une part comme fait historique, mais surtout comme élément structurant au plan de l’imaginaire, avec des répercussions majeures sur l’agir des individus et des collectivités.

 

a) Le présent chantier a pour objectif de réunir des chercheurs dont l’intérêt porte, même de manière connexe, sur l’imaginaire de la violence dans les 5 dernières décennies.

b) Ce chantier portera un regard particulier sur la violence comme espace d’altérification. Dans ce sens, la violence devient le lieu où se dessinent les lignes de force d’un rapport au monde et à l’autre. Du point de vue des relations par exemple de l’Occident et de l’Ailleurs, la violence a constitué dans l’imaginaire de l’ailleurs un trait distinctif majeur et permet de penser l’autre suivant des modalités dont les recherches sur l’exotisme et les théories postcoloniales ont relevé les enjeux esthétiques et idéologiques. Dans le présent chantier, le postulat de base qui motive les investigations est que la violence est un espace relationnel, non pas dans le sens premier où elle oppose deux groupes, mais dans leurs répercussions politiques, sociales et esthétiques ; ce qui est digne de mention dans cette perspective est que le même fait historique devient un objet récurrent de représentations/appropriations multiples.

c) Un fait majeur lié à ces violences collectives qui constituent le point focal de ce chantier est celui de la commémoration. Que ce soit dans le cadre de la commémoration de la Bataille des Plaines d’Abraham, ou celui du 10e anniversaire du génocide rwandais, les pratiques de commémoration ont ceci en commun qu’elles projettent à l’avant-scène des  consciences collectives des quêtes, des appréhensions et des projections qui se greffent sur le passé dans une visée pragmatique de relecture et d’investissement de sens. Au plan des identités collectives, l’acte commémoratif s’inscrit dans une narration dont le propre consisterait, dans sa portée « pédagogique et performative », à conforter les assises de la communauté commémorante (H. Bhabha). En théorie et dans la pratique, la commémoration circonscrit son objet, parce qu’elle renvoie à une notion de finitude et de clôture qu’apporte l’évocation d’un fait historique dont on se souvient à un moment précis en un lieu précis.

Plus que la commémoration, les acteurs de ce chantier travailleront sur ce qu’il est convenu d’appeler le commémoratif entendu comme l’ensemble des pratiques affectant l’acte de remémoration consciente et récurrente; dans ce sens, le commémoratif inclut la commémoration ponctuelle et la transcende pour s’élargir aux rhétoriques diverses qui s’y greffent et président à son avènement.

d) En lien avec les axes ci-dessus décrits, le présent chantier vise une théorisation de l’imaginaire de la violence qui l’articulerait à des notions connexes ou concurrentes comme la force, le pouvoir etc.