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Savoir les marges: la recherche-création en contextes de marginalités (appel)

Appel à communication
Colloque, 11 avril 2018, Université du Québec à Montréal, salle PK-1140
 
Dans le cadre de ce colloque, nous souhaitons aborder la question de la recherche-création en arts et en littérature, dans des contextes de marginalités. Avec l’objectif de mettre fin au binarisme et aux rapports de domination entre la recherche et la création, il s’agit d’investiguer les potentialités de la recherche-création lorsqu’elle est menée par des personnes issues de groupes minorisés ou qui s’intéressent à différents types de marginalités.   
 
Si la recherche-création «se caractérise principalement par une pratique à travers une réflexion critique, elle-même introduite dans le processus créatif » (Quéinnec, 2012, p. 205), elle est aussi «appelée en raison de sa jeunesse et de son caractère novateur et transdisciplinaire, à embrasser le plus large possible, dans un esprit favorisant à la fois les réflexions concertées et les transferts de connaissance entre domaines qui paraissent trop souvent éloignés les uns des autres» (Landry, à paraître, p. 14). Approche du dialogue, de la mobilité et de la «non-systématicité» (Delacourt et al., 2016, p. 17), elle est aussi une «discipline transartistique en construction» (Landry, p. 16) qui rend possible la remise en question des catégories traditionnelles des institutions: «perturbant le cloisonnement et la hiérarchisation des espaces de production du savoir, elle participe à la déstabilisation des instances disciplinaires en tant que lieux de pouvoir» (Delacourt et al., 2016, p. 19). Il s’agit donc d’un espace de liberté, d’échange et de rencontres ayant le potentiel d’ébranler le milieu académique qui tend parfois à le marginaliser. C’est sur cette position que nous misons: la marginalité souligne le savoir situé (Haraway, 2007; Harding, 2003) à partir duquel s’engagent les artistes et chercheurs/chercheuses qui, préoccupé.e.s par les expériences subjectives et politiques, entretiennent un rapport sensible à l’art et au savoir, rapport qui influence les méthodologies, les théories, les épistémologies et les esthétiques de leur travail. Nous croyons alors que la recherche-création devient l’espace privilégié des personnes marginalisées et minorisées, ainsi que de celles qui favorisent une posture de marginalité entre autres en adoptant des démarches et des épistémologies alternatives (féministes, queer, subculturelles, multilingues, décoloniales, postcoloniales, etc.).
 
Nous entendons par «personnes marginalisées et minorisées» des personnes non-hétérosexuelles, non-blanches et qui, par leurs intersections (Crenshaw, 1989; Dorlin, 2008; Hill Collins, 2000), ne profitent pas des privilèges dominants (de genre, de couleur, de classe, etc.). Ainsi, leur travail en recherche-création leur permettrait d’adopter une «posture de marginalité» qui, à l’instar de bell hooks, engage dans une résistance : «true speaking is not solely an expression of creative power ; it is an act of résistance, a political gesture that challenges politics of domination that would render us nameless and voiceless» (1988, p. 8). Dès lors, nous sommes également intéressé.e.s par le point de vue de personnes qui, malgré leur appartenance aux groupes dominants, s’intéressent aux marginalités et dont les perspectives choisies de leur travail en recherche-création leur permet de se décentrer. Ainsi, il s’agit de démarches qui impliquent un «positionnement décentré d’énonciation et d’interrogation du savoir […] en proposant des modèles de résistance et une autre description des mondes vécus» (Bentouhami-Molino, 2015, p. 11).
 
Questions et pistes de réflexion:
- Quels sont les différents «usages» de la marginalité selon les disciplines (artistiques et académiques)? À l’inverse: quels sont les différents « usages » des disciplines selon les types de marginalité?
- En quoi la subjectivité est propre à la proposition d’une théorie, d’une pensée et d’une esthétique marginales?
- Comment est-ce que la recherche-création permet à la théorie de faciliter la voie aux marginalités?
- Comment crée-t-on, comment pense-t-on, à partir de l’expérience de marginalité?
- En quoi les méthodologies propres à la recherche-création servent-elles à exprimer des questions liées aux enjeux de la marginalité, voire à donner une voix aux groupes marginalisés dans le monde académique et artistique?
- Existe-t-il une «éthique de la marginalité»? Est-elle synonyme d’une «éthique de la recherche-création»?
- Que signifie «marginalités» dans une logique universitaire (marchandisation des savoirs, appropriation, détournements, etc.)?
- Les personnes marginalisées ou une posture de marginalité favorisent-elles les échanges entre le milieu académique et le milieu artistique?
 
Observations et envoi de propositions:
Bien que ce colloque se tiendra dans une institution universitaire, il ne vise pas à enfermer la recherche-création, mais au contraire à profiter de son potentiel de décloisonnement. Si cet événement est académique, il sert justement à créer un espace à l’intérieur de l’institution dans lequel remettre en question les structures, les hiérarchies et les rapports de domination qui s’y jouent grâce à la pluralité des approches de création, des disciplines, des méthodologies de recherche et des subjectivités. Ainsi, nous acceptons une variété de propositions de communications, dont celles qui dépassent les cadres traditionnels (performances et conférences-performances). Toutefois, nous aimerions éviter les récits de pratiques artistiques et les comptes rendus d’œuvres. Le temps alloué à chaque présentation sera de 20 minutes. Nous attendons des propositions d’artistes, de chercheurs/chercheuses, de professeur.e.s et d’étudiant.e.s des cycles supérieurs, en français ou en anglais, d’au plus 300 mots, en format pdf ou docx, accompagnées des coordonnées (nom, courriel, affiliation). Nous les attendons d’ici le 13 novembre 2017, à l’une ou l’autre des adresses suivantes:
 
Comité organisateur :
Nicholas Dawson, Université du Québec à Montréal
Martine Delvaux, Université du Québec à Montréal
Marie-Claude Garneau, Université d’Ottawa
 

Participation / Organisation

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