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L'imaginaire de la prédation

Appel à communication

Imaginaire de la prédation - Colloque Figura-Uqam

Mercredi 25 mai 2016

Certaines expressions comme « se mettre en chasse » ou « être en chasse », voire « draguer » c’est-à-dire littéralement « pêcher au filet », laissent entendre qu’au sein de la relation amoureuse ou sexuelle se dessine un scénario cynégétique qui implique de façon plus ou moins directe le motif de la prédation ; comme si l’expression du désir  nous situait d’emblée sous le thème de la chasse que masque de nos jours le vocabulaire plus anodin et peut-être plus abstrait du dispositif amoureux, sentimental ou sexuel. Or, le discours amoureux qui fait appel à l’imaginaire de la prédation renoue à certains égards avec les relations plus anciennes qu’entretenaient la chasse et la politique ; la première étant depuis le Moyen Âge la métaphore de la seconde, et plus spécifiquement de la guerre. On ne s’étonnera donc pas que la littérature d’hier et d’aujourd’hui — et pas seulement les récits de chasse —, abonde d’intrigues amoureuses qui puisent dans l’univers de la chasse tant l’expression d’un certain rapport à l’autre (considéré comme un objet de désir à posséder ou à abattre) qu’une manière de ressaisir les rapports entre la vie amoureuse et les violences politiques. À cet égard, la liste est impressionnante. Combien de fois n’a-t-on pas fait du récit de chasse une allégorie des rapports amoureux? Combien de fois n’a-t-on pas ressaisi une scène historique ou politique sur une scène privée et fantasmatique où l’érotisme se noue au destin des nations?

Ce colloque voudrait saisir comment la littérature et les arts s’arrangent pour représenter un comportement considéré longtemps par nos sociétés comme un modèle de conquête et d’expression de soi, comportement jugé déplacé, violent, voire dangereux dès lors que le prédateur est placé de facto du côté de la perversion. Or, l’imaginaire de la prédation ne cesse de rendre compte de l’ambiguïté de la relation qu’elle implique. Parmi d’autres, l’ambiguïté qui s’impose relève tantôt de l’issue de l’intrigue — entre la célébration de la proie conquise et sa destruction — que du caractère imprévisible de son déroulement. En effet, nombreux sont les scénarios de chasse où la cible s’avère tout autre que ce que l’on croyait tout d’abord viser au travers de la proie. Tantôt c’est le trait qui dévie de sa trajectoire et qui emporte le prédateur dans une suite d’événements aux conséquences inattendues ; tantôt c’est le prédateur qui s’atteint lui-même au travers de la proie et périt, change, se métamorphose du fait de son propre désir.

En donnant la parole aux différents intervenants qui seront sollicités, nous aimerions au cours de cette journée ressaisir le potentiel narratif et poétique de l’imaginaire de la prédation. Sous quelles formes plus ou moins avouées la prédation se laisse-t-elle représenter? Quel est le statut des prédateurs et des prédatrices au sein de la fiction et des arts? Quelle poétique la prédation met-elle en place?

 

Les propositions de communications, entre 300 et 500 mots, sont à envoyer à cnockaert.veronique@uqam.ca et lussier.alexis@uqam.ca, avant le 1 avril 2016.