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Appel à contribution - Premier du numéro de la «Revue de Photolittérature»

Appel à contribution pour le 1er numéro de la Revue de Photolittérature

 

Ut photographia poesis…
La métaphore entre littérature et photographie

Sous la direction de Jean-Pierre Montier (Rennes 2) et Érika Wicky (UQAM / Rennes 2)

Hélio-graphie, photo-graphie, Pencil of Nature ou Sun Pictures, sont parmi bien d’autres autant de métaphores convoquées pour définir le procédé photographique au moment de son apparition. Nommée grâce à des métaphores impliquant les idées d’écriture et de lumière, la photographie n’a pas tardé à devenir elle-même un comparant privilégié et à nourrir des métaphores qui transposaient vers d’autres objets ses caractéristiques distinctives : précision, intransigeance, objectivité, instantanéité, cadrage, révélation, etc. Parmi les objets littéraires taxés à leur tour de photographiques, figure l’écriture de nombreux auteurs, qu’il s’agisse de désigner un style journalistique, l’emploi d’un certain type d’images, qu’il s’agisse encore d’évoquer l’esthétique naturaliste, ou de pointer une manière de restituer le domaine de l’intime, de la mémoire - qu’on l’envisage sous l’angle de la psychologie (on parle de « mémoire photographique ») ou bien de l’histoire, individuelle ou collective. Si, comme le défend Philippe Ortel, l’apparition de la photographie a provoqué une révolution « invisible » en littérature, il se peut qu’elle se soit dissimulée sous les réseaux métaphoriques employés pour naturaliser le procédé, pour l’intégrer à notre « champ mimétique » (J-C Bailly). Nous proposons d’étudier un des leviers de cette révolution en analysant les enjeux des métaphores impliquant la photographie, qu’elles soient employées dans les textes ou le paratexte, dans le discours de la critique ou celui des écrivains eux-mêmes.
Figure de style éminemment littéraire, la métaphore établit un rapport entre deux objets distincts et tisse entre eux des liens d’analogie qui mettent paradoxalement en évidence la singularité de chacun des objets envisagés. En vertu de ce pouvoir, la métaphore apparaît être un outil privilégié pour appréhender les relations entre littérature et photographie et interroger la façon dont l’une et l’autre ont pu nourrir leur compréhension (ou leurs points de friction) et alimenter leurs redéfinitions réciproques. Envisagée comme un point de contact entre littérature et photographie, la métaphore offre donc un prisme pour analyser la façon dont la photographie affecte la littérature, l’écrivain et l’écriture, mais aussi pour comprendre comment les formulations métaphoriques ont modelé nos conceptions du médium photographique depuis l’ère dite « argentique » jusqu’à celle du numérique où d’autres métaphores sont convoquées.
Cette problématique accueillera les études provenant de champs disciplinaires variés (histoire, histoire de l’art, linguistique, psychologie, stylistique, littérature, esthétique, etc.) ou croisant plusieurs de ces perspectives.

Les propositions de contribution pourront, notamment, explorer les pistes suivantes:
- Du style photographique. La photographie a été convoquée pour définir le style de nombreux auteurs de Balzac à Annie Ernaux. Il s’agira d’analyser, dans des cas précis, ce qui motive la comparaison entre littérature et photographie. On pourra aussi observer la façon dont ces métaphores sont filées au moyen d’un champ lexical composé de métaphores convenues empruntées à la photographie (cliché, instantané, objectif, déclencheur, révélation, etc.)

- De la photographie comme une écriture. Il pourra aussi s’agir de se demander quelles réponses la métaphore a pu fournir à la question qui fait actuellement l’objet d’une exposition au Centre Georges Pompidou : Qu’est-ce que la photographie ? Au-delà de l’étymologie du mot générique qui s’est historiquement imposé, la photographie, d’autres métaphores ont eu cours pour définir la singularité du phénomène photographique. Leur analyse nous renseignera non seulement sur les conceptions de la photographie ou du photographique dont elles témoignent, mais aussi sur la façon dont elles contribuent à renouveler ces conceptions. Adoptant une perspective historiographique, les recherches pourront aussi analyser la fortune connue par le modèle littéraire dans l’histoire de la photographie. Il s’agira alors d’observer comment ce modèle a pu nourrir la pensée de la photographie ou encore d’étudier comment la photographie a été métaphorisée dans le dessin ou la caricature.

- Le « Donner à voir » photographique. La métaphore a aussi fourni un modèle conceptuel pour appréhender les ressorts visuels du médium : c’est tout notre « champ mimétique » qui est désormais alimenté de métaphores photographiques. La spécificité du « Donner à voir » (Éluard) dans le champ mimétique induit par la photographie invite probablement à reconsidérer certains aspects de l’histoire littéraire : au-delà des avant-gardes ou des effets de mode (poésie de l’enregistrement, écriture sur le vif, titres de recueils ou d’ouvrages contenant des métaphores photographiques, etc.), observe-t-on de véritables mutations génériques pérennes via l’émergence de nouveaux « genres », narratifs, descriptifs ou autres ? Peut-on repérer des phénomènes de légitimation réciproques entre pratiques littéraires et photographiques ?

- Du livre comme « bien commun ». Quels que soient les procédés utilisés pour faire figurer des photographies dans des livres, c’est avant même leur découverte qu’est avancée l’hypothèse ou le vœu d’inventer un nouveau type de « livre », qui serait illustré de photographies. Quelle a été sa fortune ? Est-ce le même type de vœu qui innerve aujourd’hui les entreprises créatrices impliquant le numérique ? Comment la métaphore photographique est-elle lisible au fil de l’histoire du livre lui-même, et ce sous les deux angles (livre de photographe transposant un modèle littéraire et inversement) ?

 

Les propositions de contribution (300 mots maximum) devront être rédigées en français et adressées avant le 30 septembre 2015 à l’adresse suivante : phlit.org@gmail.com
Le comité de lecture fera ensuite part de ses décisions avant le 30 octobre et les articles (40 000 signes max.) seront à remettre le 30 mars 2016. Chaque article sera anonymement soumis au comité scientifique de la revue qui sera associée à www.phlit.org .

 

Participation / Organisation

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