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Appel à communications - Colloque « Raconter l'aliment. La gastronomie et ses récits contemporains »

 La gastronomie, c’est non seulement ce que l’on mange, mais tout ce que l’on imagine autour de l’aliment, de ses codes et de ses rituels, des contraintes qu’il impose et des plaisirs qu’il permet. Or depuis toujours, le récit a été l’une des formes privilégiées à travers lesquelles la gastronomie a été pensée. Les textes religieux fondateurs sont nombreux à raconter le repas ou l’aliment – l’importance de la Dernière Cène dans la Bible, les codifications du jeûne dans le Mahabharata, les prescriptions alimentaires dans le Talmud et le Coran en témoignent bien, opérant à partir d’anecdotes et assignant des positions conflictuelles et dynamiques à des personnages. Mais pensons aussi aux déclinaisons plus modernes de ces récits, à ces nombreux repas qui scandent l’histoire de la littérature de Rabelais à Joyce, de Kafka à Murakami, de Vázquez Montalbán à Kim Thúy, voire à la soupe au pistou qui devient chez Greimas une structure narrative exemplaire… Les productions culturelles interrogent, par le truchement de la fiction, divers enjeux relatifs à la nourriture, parfois envisagée sous l’angle de l’abondance ou du manque, de sa capacité à rassembler ou à exclure, des rapports de pouvoir qu’elle cristallise, des exigences éthiques qu’elle convoque, des affects qu’elle suscite ou des dérèglements physiques dont elle devient l’objet. Cette mise en récit de l’aliment suppose une trame narrative et des péripéties, des personnages cohérents animés d’idéologies et de valeurs, une pédagogie expérientielle qui emporte la conviction du lecteur, bref elle engage une forme tout à la fois contraignante, universelle et variée.

Le colloque se propose d’examiner cette importance du récit dans l’imaginaire gastronomique contemporain en ouvrant la réflexion à un ensemble de médias, de supports et de formes. En effet, les récits actuels de l’alimentation se déploient dans la littérature, mais aussi dans les livres de recettes, la bande dessinée (voir dans les dernières années les œuvres de Guillaume Long ou de Christophe Blain, mais aussi, dans le domaine mondial, la floraison des mangas sur le sujet), les jeux vidéo, le cinéma et la télévision (en témoignent les séries Gilmore Girls ou Desperate Housewives), les sites web et les blogues, les arts visuels et la performance (pensons au travail créateur de Karine Turcot ou de Kim Waldron). Leur prolifération est l’indice d’un véritable travail sémiotique autour de la question de l’aliment et des sociabilités. Non seulement ces récits reflètent et nourrissent l’imaginaire social, mais dans certains cas, leur forme esthétique les conduit à proposer des variations, à interroger les codes existants, à jouer avec les normes et les idées reçues, bref à modifier l’idée même que nous nous faisons du fait alimentaire. Ainsi, il s’agira non seulement d’examiner comment l’aliment ou le repas sont racontés, mais de tâcher de comprendre ce que la mise en récit fait à la gastronomie.

Les communications, en français et d’une durée de 20 minutes, pourront porter sur des domaines linguistiques et culturels variés. Les témoignages sur des pratiques créatives sont également bienvenus. Les analyses transversales seront préférées aux approches monographiques. Une attention particulière sera portée à l’équilibre et à la variété des contributions selon les médias. Les frais de transport et d’hébergement seront à la charge des participants. Nous prévoyons la publication d’un recueil (numérique ou papier) suite au colloque.

Les propositions de communications (300 mots) accompagnées d’une brève notice biobibliographique doivent être transmises par courriel (raconterlaliment@gmail.com) avant le 1er décembre à Marie-Christine Lambert-Perreault (UQAM) et Geneviève Sicotte (Université Concordia).

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