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Franchises et industrialisation de la culture populaire contemporaine - Journée d’étude

Author : Guignard Sophie
Date : Mar 15, 2018
Category :
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Journée d'étude

Groupe de recherche Rêves en boucles, recyclage en série : Réflexivité, réitération et reprise dans la fiction populaire contemporaine 

Certes, déjà le livre, le journal étaient des marchandises culturelles, mais jamais la culture et la vie privée n’étaient entrées à ce point dans le circuit marchand et industriel, jamais les murmures du monde — autrefois soupirs des fantômes, chuchotements des fées, farfadets et lutins, paroles des génies et des dieux, aujourd’hui musique, paroles, films portés sur les ondes — n’avaient été à la fois fabriqués industriellement et vendus mercantilement. Ces nouvelles marchandises sont les plus humaines de toutes, puisqu’elles débitent en rondelles des ectoplasmes d’humanité, les amours et les craintes romancées, les faits divers du cœur et de l’âme. 
(Edgar Morin, « L’industrie culturelle », 1961, p. 38)
 
Les fictions populaires occupent une place prépondérante dans le paysage culturel contemporain : elles sont sur les panneaux publicitaires, s’invitent dans les marges de nos réseaux sociaux, s’immiscent dans nos conversations quotidiennes; elles meublent nos soirées de repos et nos sorties. Elles sont aujourd’hui facilement identifiables; il ne suffit que de quelques termes pour évoquer à l’esprit des mondes monde d’aventures et de rêves : Star Trek, Harry Potter, Star Wars, Doctor Who, The Lord of the Rings, Marvel, Warcraft. La fiction se désigne alors sous forme de franchise. Plus qu’une simple appartenance à une compagnie, la franchise culturelle prête une marque de commerce, un univers spatiotemporel et des personnages aux œuvres qui naissent sous sa gouverne et qui, dans un même mouvement, viennent la nourrir. Nous vous proposons, dans le cadre de cette journée d’étude, de penser conjointement la culture et sa marchandisation, de déconstruire la machine produisant les fictions populaires contemporaines, d’en analyser les rouages et les œuvres qu’elle produit. 
La franchisation de la culture constitue l’évolution logique d’un phénomène qu’Edgar Morin nomme en 1961 la « seconde industrialisation », c’est-à-dire celle qui « s’attaque non plus aux choses, mais aux images et aux rêves. » (1961) Le terme « franchise » désigne, dans sa définition moderne, un modèle d’expansion économique qui établit un réseau de petites entreprises (dites franchisées) subordonnées à une matrice (franchiseur) offrant des savoir-faire et une identité mercantile bien définie : d’abord avec des compagnies comme Ford General Motors, puis avec des chaînes telles que McDonald’s ou encore Starbucks. Les franchises culturelles miment en ce sens le modèle économique de la franchise en construisant un réseau de productions qui s’articule et s’étend de manière à atteindre la « consommation maxima » (Edgar Morin, 1961). La franchise incarne le moteur de tout système industriel qui tend d’abord à la croissance, parfois même en dépit du profit. La diversification des plateformes médiatiques et la multiplication des projets permettent ainsi de rejoindre de nombreux publics. Les superproductions cinématographiques, télévisuelles et vidéoludiques s’atomisent (pour réutiliser une image de Laura Odello (2011)) hors de leur support médiatique sous la forme de produits dérivés qui composent la part majoritaire des entrées profitables de l’œuvre.
 
Comment alors penser la culture dans la langue de l’économie et du marketing pour traduire, par la suite, ces enjeux sur le plan du rêve, du contenu des œuvres? Plus qu’un simple enchaînement de réitérations monolithiques, les franchises culturelles déploient des univers complexes qui nécessitent des modalités de lecture (et de consommation) tout aussi élaborées. Elles misent sur un investissement continu de l’attention des publics et sur leur migration d’une œuvre à l’autre, à travers plusieurs médias. La journée d’étude propose ainsi un espace pour analyser en profondeur les différents enjeux entourant le phénomène de franchisation de la culture. Voici quelques pistes afin d’alimenter vos réflexions :
 
- La construction des mondes fictifs : franchises transmédiatiques, transfictionnalité, sérialité;
- La subversion de la marque de commerce : des œuvres comme les films Deadpool et Logan proposent des histoires dont l’esthétique diverge de l’ensemble de la franchise, par exemple;
- Les questions de canonicité, de headcanon et d’implication du fandom dans la construction du monde franchisé;
- Les blockbusters et leurs dérivés : produits dérivés ou œuvres dérivées;
- Mort ou renaissance de la franchise;
- Métadiscours et critique de la franchisation.
 
L’évènement se tiendra le vendredi 6 avril 2018 à l’Université du Québec à Montréal.
Cette journée de réflexion sera la troisième de trois journées d’étude organisées par le groupe de recherche Rêves en boucle, recyclages en série. Réflexivité, réitération et reprise dans la fiction populaire contemporaine, et par l’équipe de la revue en ligne Pop-en-stock. Ce triptyque évènementiel se déroule au cours de l’année 2017-2018 et ouvre la voie au colloque international Pop-en-stock 2018.
 
Programme prévisionnel en pièce jointe.
 
COMITÉ SCIENTIFIQUE
Antonio Dominguez-Leiva
Catherine Côté
Megan Bédard
Fanie Demeule
Jean-Michel Berthiaume
Sarah Grenier-Millette
 
La journée sera diffusée en simultané sur le site de l'OIC.

Participation / Organisation

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